Hello Petronus
Ton argumentation est très ciblée chien/chat, mais il est vrai que ce sont les animaux, nommés d'ailleurs "domestiques" par l'homme, que nous fréquentons le plus. C'est sûr que si tu compares un chien avec bubulle dans son aquarium, ou le pigeon qui fiente tous les jours sur ta table de terrasse, il
apparaît très évolué et doté d'une intelligence propre.
A vrai dire, en lançant ce sujet, je m'interrogeais sur plusieurs points : ne pas confondre "intelligence" et "conscience", conscience et "conscience morale", et conscience et "conscience réflexive" (conscience de soi).
L'autre jour avec certains élèves, nous avons évoqué le fait qu'un chat passait devant un miroir sans se regarder
singulièrement :
-A-t-il pris l'habitude de croiser cette silhouette à cet endroit précis, et l'oublie-t-il totalement ?
- A-t-il conscience que ce n'est que son reflet, et n'y prête-t-il plus attention ?
- L'ignore-t-il complètement ?
J'avoue demeurer assez perplexe devant ce phénomène. A chaque fois que j'évoque la distinction entre l'humain et l'animal par le terme de "conscience", j'entends le même refrain : "madame, vous ne pouvez pas être certaine que l'animal n'a pas de conscience". Eh bien... oui. Je ne peux pas en être certaine. Je dirais même qu'au moment où on m'a inculqué cette donnée, j'étais déjà sceptique ; et aujourd'hui, j'ai carrément envie de la bannir de mes cours. Aujourd'hui on parle de "conscience animale", mais pourtant...
Pourtant, reste toujours ce présupposé reconnu par tout un tas de gens (et de gens très biens, tu vois) : oui, l'animal est intelligent. Oui, il a une conscience. Mais pas
comme nous. Je suppose que ça doit heurter des convictions et des volontés traditionnelles que d'admettre une si grande promiscuité avec l'animal...
Un certain nombre d'études démontre en effet que nous ne sommes
plus des animaux. Il y a des gens, par ailleurs, qui n'ont jamais cru
l'avoir été, et n'admettront jamais que nous soyons
parents avec des gorilles.
- Petronus a écrit:
- La difficulté vient de la prétention de l'homme à vouloir être "la mesure de toutes choses".
Je tenais à apporter tout de même une précision... cette maxime je l'interprète de la même manière que Sextus Empiricus, qui énonçait ainsi "l'homme est le critère (kriterion) de tous les objets ». « (...) il ne pose pour chacun que les seuls phénomènes et de cette manière, il introduit le relativisme" (source : wikipédia)
Cela ne veut pas dire que rien n'est plus important que l'homme, que l'homme est supérieur à la nature, mais simplement que toute, absolument toute la connaissance que nous avons du monde, est vécue et découle de notre SEUL point de vue humain, peut-être extrêmement limité au regard des créations (dans la perception par exemple) merveilleusement complètes ou exceptionnelles que l'on retrouve dans la nature (animale ou végétale).
Je ne trouve pas cette maxime prétentieuse, au contraire. Selon moi, elle limite de manière ironique et drastique notre connaissance du réel.